Comment tomber amoureux de Beyrouth en 4 jours ?

4 jours. 4 jours m’ont suffi pour tomber amoureux de Beyrouth, cette ville aux si nombreuses facettes.

Comment tomber amoureux de Beyrouth en 4 jours ?

4 jours. 4 jours m’ont suffi pour tomber amoureux de Beyrouth, cette ville aux si nombreuses facettes.

Vous savez qu’habituellement, pour mes péripéties culinaires (voir celles de Norvège ou de Hong-Kong et Macau), je traite directement de mes coups de cœur culinaires, les adresses qu’il m’a été donné de tester, les spécialités qu’il faut absolument goûter… Mais cette fois-ci je ne peux m’empêcher d’aller un peu plus loin et de partager ce que j’ai ressenti durant ce périple de quelques jours.

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L’Office du Tourisme du Liban m’a invité initialement pour découvrir HORECA, un grand salon de l’agro-alimentaire à Beyrouth (et installé dans tout le Moyen-Orient). Difficile de donner un avis sur un salon aussi rapidement mais ce que je peux vous dire c’est qu’il est beaucoup plus festif que les SIRHA et autre SIAL : mini concerts sur les stands, shots de vodka caviar, plein de choses à manger de partout ! En complément d’HORECA, et parce qu’on est pas tous les jours à Beyrouth non plus, j’en ai profité pour découvrir la ville avec mes pupilles et mes papilles…

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Je n’étais jamais allé au Moyen-Orient jusqu’à présent, et le seul endroit du monde arabe dans lequel j’ai mis les pieds est Djerba, lors de lointaines vacances. Au risque de passer pour quelqu’un de peu éclairé, je dois avouer que je me posais quelques questions avant d’atterrir, concernant les événements récents, l’histoire du Liban, les conflits en Syrie (dont la frontière n’est à 80km de Beyrouth). Le mot « Beyrouth » n’évoquait d’ailleurs pour moi jusqu’à présent, que le terme qu’utilisait ma mère quand j’étais petit pour me dire de ranger ma chambre. Quelque chose du genre « mais c’est Beyrouth ici ! ». Le mot « Liban » plus globalement, m’incitait à penser fafalel et chawarma. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’étais à côté de la plaque.

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Alors oui, on peut encore humer les vestiges des conflits armés ici et là. De nombreux bâtiments sont restés inhabités depuis des décennies, les infrastructures ne sont plus ce qu’elles étaient à l’âge d’or du « New-York du Moyen-Orient ». Comme il y a souvent des coupures de courant, chaque immeuble a son propre compteur avec des installations électriques assez étonnantes et les rues n’ont pas toujours de nom. Sur ce sujet, je ne vous surprends certainement pas et ne vous apprends pas grand chose.

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Ce qui m’a interpellé et incité à écrire ce qui suit est justement l’autre face de Beyrouth : Celle des gens qui l’habitent, qui l’incarnent et qui la font renaître un peu plus chaque jour. Des gens qui nous font nous sentir, ne serait-ce qu’en quelques discussions, dans une partie de l’histoire, en phase avec un truc qui nous dépasse complètement, qu’on soit en France, en Syrie ou au Liban. Leurs points de vue sur les choses, sur ce qu’on entend du matin au soir dans tous les médias, sont si différents des nôtres. Tellement plus analytiques, profonds et matures. Même si la géopolitique vous ennuie et que l’histoire vous endort, vous ne pourrez que boire les paroles des gens que vous rencontrerez et vous en reviendrez forcément un peu plus riches.

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A l’image de la culture politique, l’attachement culinaire est incroyablement présent et poussé. Pour la faire simple et directe, imaginez un normand qui vous explique la différence entre une bouillabaisse de Marseille et de Toulon, qui peut vous donner la recette de l’authentique cassoulet et qui vous dit qu’il préfère la choucroute à Mulhouse qu’à Strasbourg.

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Je vous invite donc à vous rendre à Beyrouth ne serait-ce que pour rencontrer les beyrouthins et discuter avec eux. D’autant plus que la barrière de la langue n’existe pas là bas, tous les gens que j’ai pu rencontrer parlent arabe, français ET anglais, que ce soit dans les commerces, les bars, les soirées… Le subtil mélange de désinvolture et de pragmatisme qui façonnait les personnes que j’ai pu rencontrer m’a tout simplement donné envie de rester encore là bas, un peu plus, pour poursuivre nos conversations et les moments que nous partagions.

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Et côté cuisine ? Parce que c’est ça le nerf de la guerre ! Et bien comme je le disais plus haut, je n’ai pas mangé un seul falafel pendant mon périple. J’ai découvert des tonnes de choses encore plus savoureuses et intéressantes. Voici un petit tour des bonnes adresses et des trucs à voir et à manger absolument.

Pour un petit déjeuner savoureux et typique

Direction l’Albergo, un magnifique hôtel Relais & Châteaux, qui a conservé toute son authenticité et son âme « malgré » sa rénovation. Si vous avez un peu de budget côté hôtel, je vous conseille d’y prendre quelques nuits d’ailleurs, les chambres valent vraiment le détour.

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Si vous n’avez pas un méga budget, faites au moins le petit déjeuner sur le rooftop. Ne prenez évidemment pas le continental mais celui de là bas. Au programme ? Des œufs cuits directement dans un poelon (merveilleux avec une pincée de sumac), du labné bien frais (une spécialité fromagère à base de lait caillé, servi nature ou avec de l’ail, des épices), des mankouché zaatar (galettes typiques au thym), du pain libanais, des crudités, des olives, des jus de fruits…

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Hôtel Albergo (Relais & Châteaux) – 137 rue Abdel Wahab El Inglizi – 340 euros la nuit pour 2 personnes en suite standard – 24 euros le petit déjeuner libanais

Pour un petit déjeuner authentique, en plein cœur de la ville

C’est à El Sousseh que vous vous rendrez. Selon CNN, ce spot, tenu par Raji Kebbe et son cousin Ahmad el Soussi, fait d’ailleurs partie des 10 meilleurs petits déjeuners du monde.

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Pour un budget mini, toutes les mets typiques du petit déjeuner s’enchaineront (en mode mezzé) et ne se ressembleront pas : foul (spécialité aux fèves, très bon), fatteh, houmous kawarma…

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El Sousseh – Rue Chehade, quartier de Mar Elias – Plus d’infos dans l’article d’Anthony du blog libanais No Garlic, No oinons

Le lham bi ajin ou la spécialité à tester absolument

Bien qu’il existe plusieurs versions libanaises de cette sorte de pizza ultra fine (et ultra légère et goûteuse) à la viande, je vous conseille la version arménienne, facilement trouvable dans le quartier arménien de Beyrouth.

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L’adresse que j’ai pu tester est plus qu’approuvée : Ghazar Bakery. Jacques, son responsable m’a d’ailleurs fièrement expliqué qu’il était doté du plus grand four du Liban. Et il lui faut bien cela car ce n’est pas moins de 600 lham bi ajin que lui et son équipe (de 7 à 77 ans) préparent par… heure.

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Ghazar Bakery – quartier de Bourj Hammoud

Tawlet : un spot hybride, branché, culinaire et social

Certainement l’un de mes plus gros coups de cœur du séjour, Tawlet a su me convaincre pour plusieurs raisons. D’abord par sa déco et son esprit résolument hipster, par ses plats mais aussi et surtout par la démarche et les personnes à l’origine du projet : Kamal Mouzawak, et son associée Christine Codsi.

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Kamal Mouzawak a été l’une de mes plus belles rencontres de ce périple. Cet homme incarne pour moi ce que je respecte le plus dans mon métier : le militantisme par la création. La révolution douce par les papilles. L’humanitaire par le prisme du culinaire.

Fondé en 2009, Tawlet est un restaurant dont la cuisinière change tous les jours (un peu façon SlowFood, dont Kamal est très proche). Les cuisinières en question ne sont pas des chefs étoilés ou des professionnelles renommées, non, ce sont des femmes au foyer des différentes régions qui entourent Beyrouth, et qui ont pour passion la cuisine. Quand j’ai testé Tawlet, j’ai eu la chance de découvrir la cuisine de Joséphine Ghaleb, qui vient de Tripoli (Liban du nord).

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Samkeh harra, lham bi ajin, kafta… les photos parlent d’elles-mêmes.

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Il ne s’agit pas du seul projet de Kamal. Ce dernier a également lancé Souk el Tayeb (entendez : le « marché du bon »), un marché dont les produits sont exclusivement locaux, de haute qualité, de petits producteurs… Et comme ça ne lui suffit pas, Kamal a créé une cafeteria au sein des Nations-Unies pour les réfugiées syriennes. Ah, et on me souffle à l’oreille que d’autres projets seraient dans les tuyaux…

Tawlet – quartier de Mar Mkhayel / Souk el Tayeb – Zouks de Beyrouth, rue Trablos, ouvert le samedi de 9h à 14h

Paper Cup Store, une librairie à ne pas louper

Si vous êtes lyonnais, vous connaissez certainement la librairie Datta. Je viens de trouver son homologue libanais, du joli nom de Paper Cup ! Une sélection de nombreux magazines et livres de design, de cuisine, d’architecture ou encore d’art, pas toujours facile à trouver. Je m’y suis procuré deux beaux ouvrages sur la cuisine libanaise qu’il me tarde de commencer !

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Paper Cup Store, rue Pharaon, quartier de Mar Mkhayel

Le Gray, pour un verre (ou plusieurs) en mode panoramique

Situé place des Martyrs, le gray est un hôtel ultra design vraiment magnifique. J’y ai dormi deux nuits et je ne voulais plus en partir ! Si vous vous rendez au dernier étage au ThreeSixty, vous pourrez boire un verre dans un bar dont la vue circulaire vous plonge dans Beyrouth by night, tout simplement canon !

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Le Gray Hôtel – Places des Martyrs, Central District

Je souhaite vivement remercier Serge Akl, le directeur de l’Office du Tourisme du Liban, pour sa bonne humeur, la richesse de nos conversations et pour avoir largement participé à faire de cette ville l’un des principaux coups de coeur de toutes mes péripéties.

Si vous prévoyez un séjour en terre libanaise, je vous invite à jeter un oeil sur le site de l’Office du Tourisme, Destination Liban. Sachez également qu’un bureau parisien est ouvert au public au 124 fue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème !

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