Depuis le mois de mai, les brasseries françaises doivent désormais mentionner l’origine de production de leurs bières sur toutes les étiquettes. Mais est-ce vraiment suffisant pour être totalement transparent ?

Bière locale, brassée à international

Vous les avez déjà forcément vues. La Cagole « la bière des Marseillais », Eki « la bière du Pays-Basque », « La Bourguignonne » et bien d’autres vous ont sûrement bien trompé. Cet article va peut-être un peu vous décevoir, mais malgré leur nom et leur identité locale, ces bières mensongères sont loin d’être du coin. Alors que vous vous attendiez à boire une boisson brassée localement, cette dernière a en fait été, très certainement, produite à plusieurs centaines voir milliers de kilomètres comme en Belgique, en Allemagne ou en République Tchèque. Sorry.

Alors, pour éviter aux plus petites brasseries de trinquer face à la concurrence déloyale que pratiquent les plus gros, l’Assemblée Nationale a voté le 27 mai 2020, la loi relative à la Transparence de l’information du consommateur sur les produits agricoles et alimentaires. Un amendement qui ravit Le Syndicat National des Brasseurs indépendants (SNBi) et qui impose la mention de l’origine des bières sur toutes les étiquettes. En d’autres termes, afficher le nom ainsi que l’adresse du producteur devient obligatoire sur l’étiquetage des bières Françaises. Une véritable avancée pour le consommateur, plus à même de comprendre en partie ce qu’il achète.

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Mais d’où viennent les ingrédients ?

En adoptant cette loi, l’objectif était donc de permettre au consommateur de déguster une bière tout en étant parfaitement informé sur son origine. Vraiment ?

Reprenons. Pour qu’une boisson ait la dénomination de bière, cette dernière doit être obtenue à partir d’un mélange d’eau potable, malt de céréales, houblon et levure. Certains y ajoutent d’autres ingrédients tels que des fruits ou des plantes, pour se différencier et créer une boisson unique. Malgré cela, il n’existe aucune loi qui oblige les brasseries d’y indiquer les ingrédients qu’elle contient, à l’exception des allergènes. En revanche, dans le cas des « bières à… », comme la bière à la cerise par exemple, les brasseurs doivent préciser la quantité de l’ingrédient ajouté.

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Seulement voilà, en plus de l’absence d’obligation d’énumérer les ingrédients que contient une bière,  les producteurs ne sont pas contraints à afficher la provenance des matières premières. Or actuellement, même si une bière est estampillée locale, rien n’indique au consommateur que les ingrédients qui la constituent le sont. Aujourd’hui, en dehors de quelques initiatives locales, la majorité des malts utilisés viennent de malteries situées en France, en Allemagne ou en Belgique, souvent mélangés avec ceux issus d’autres parcelles, impliquant alors une perte de traçabilité. Il en va de même pour les houblons. La filière française ne pouvant pas satisfaire l’ensemble de la demande du territoire, les brasseries se voient contraintes de s’approvisionner à l’autre bout de la terre comme en Nouvelle-Zélande. Pas si local…

Alors pour y remédier, il est nécessaire d’aider à la relocalisation de ces filières et d’encourager à plus de limpidité, dans le monde un peu trouble des bières locales.

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