Chef de projet web, Jérôme est un technofoodie passionné par la rencontre entre la gastronomie et les nouvelles technologies. Rédacteur du blog Techfood, il  est également à l’origine de Techfood Day. Définitivement « Geek & Food », il se pose comme observateur des  dernières innovations et des nouveaux usages issus de la relation entre la gastronomie et la technologie.

Les origines de Techfood…

Fréquentant des amis gastronomes qui utilisent des applications web ou mobiles pour leur passion, Jérôme a décidé d’ouvrir son blog il y a un peu moins d’un an : « je suis parti du constat que désormais grâce au numérique on peut chercher des produits, trouver une bonne adresse, trouver ou publier des recettes, se rencontrer, etc. L’ensemble des outils, des acteurs, et des interactions de ce nouveau paradigme culinaire forme ce qu’on pourrait appeler la « foodsphère numérique ». Techfood.fr tente à sa façon de mettre en valeur cet écosystème émergent ».

…et de Techfood Day !

« Techfood Day est né lors d’un voyage aux Etats-Unis, durant le festival SXSW[1]. J’ai aimé le principe de ces rencontres et j’ai voulu créer un événement similaire en France. Pour cette première édition, les Techfood-day proposaient une demi-journée thématique sur la rencontre entre gastronomie et technologies de l’information. L’événement s’inscrivait dans le cadre de « Futur en Seine », le rendez-vous des activités numériques. 150 participants étaient présents lors de cette première rencontre organisée à la cantine. A l’avenir, l’événement va sans doute s’inscrire dans le cadre des Foodcamp[2] ou des VinoCamp[3].

Sa vision Geek & Food

Jérôme revient sur l’utilisation globalisante des technologies : «depuis 10 ans, les technologies de l’information se sont intégrées à notre quotidien. Notre rapport à la nourriture n’y a évidemment pas fait exception. Les outils technologiques prolongent les pratiques sociales et s’immiscent dans notre rapport à la nourriture. Ils permettent à des gens de se rencontrer. En outre, la cuisine est un mélange d’influence de plusieurs couches sociales et nous assistons à une rencontre culinaire entre pratique culinaire et numérique.

Certains diront que ce sont deux choses antinomiques. En réalité, la cuisine est conceptualisée par une vision technologique. Les technologies apportent des outils. J’ai eu beaucoup de magazines que j’ai laissés au cours de mes déménagements. Le web permet de conserver les choses ».

Ce technofoodie s’attache également à démontrer la recherche de l’authenticité dans les applications actuelles : « les créateurs des applications défendent une certaines philosophie de la gastronomie. Il y a souvent un coté militant. Ils défendent le petit commerce, les produits locaux. Il existe différentes communautés qui apparaissent au sein de cette foodsphère numérique et, déjà, des conflits entre ceux qui sont vraiment gastronomes et ceux qui prônent la junk food.

Pour lui, du côté des critiques gastronomiques, les comportements évoluent également : « lors des Techfood Day, nous avons eu un débat très intéressant sur les critiques gastronomiques. Avec le web, la notion de critique évolue. Chacun devient critique. Nous distinguons alors les amateurs qui donnent leurs avis, et les personnes dont c’est réellement le métier. Même les critiques professionnels se mettent à avoir leur blog».

Et après ?

Des possibilités infinies vs. Un art de vivre à préserver

«Nous ne sommes qu’au début de ce qu’il est possible de faire. Chacun a encore le temps de créer ses applications. Nous vivons actuellement avec la gastronomie et le vin ce que nous avons pu vivre lors du lancement des réseaux sociaux à l’époque. Le Marc Zuckerberg de la gastronomie n’est pas encore arrivé, et nous allons certainement un de ces jours voir apparaître un concept qui révolutionnera la relation entre le web et les métiers de bouche. Je trouve cependant un peu dommage que les Français ne soient pas plus actifs dans ce domaine. Si nous regardons ce qui se fait à l’étranger et notamment aux Etats-Unis, ils sont bien plus actifs et innovants. La France est culturellement ancrée dans la gastronomie, c’est une image qu’il faut défendre et mettre en avant. Par exemple, la notion de terroir n’a aucun équivalent dans aucune langue. Nous défendons cette valeur en termes juridiques mais pas en termes technologiques. Il faut valoriser notre culture et notre savoir-vivre à travers le numérique. Nous avons vraiment des choses à défendre grâce à notre expertise en la matière. J’imagine par exemple une application pour apprendre la découpe en boucherie. Les applications à développer peuvent aussi bien concerner les consommateurs que les professionnels du secteur. Je rêve d’un réseau social qui serait réservé aux grands cuisiniers et qui permettrait de faire évoluer la cuisine mondiale. Ce qui est regrettable, c’est que l’on commence à perdre notre aura au niveau gastronomique. Les valeurs ne se transmettent plus de la même manière. Les  grands chefs d’aujourd’hui ont été en contact avec les produits, ils connaissent bien la notion de terroir. Je trouve que ce sont aujourd’hui des choses qui se perdent. Le numérique est un moyen de ne pas perdre notre savoir faire en matière de gastronomie».


[1] South by Southwest (SXSW) est un ensemble de festivals de musique, de film et de RichMedia qui se tient chaque année au mois de mars à Austin, Texas. SXSW Interactive a acquis une forte popularité parmi les créateurs et les entrepreneurs web. La présentation de technologies innovantes par SXSW Interactive a fait gagner au festival la réputation d’être un terrain propice aux technologies innovantes et aux idées créatives

[2] Food Camp

[3] Vino Camp

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

S’inscrire à notre Newsletter