Agribashing : décryptage d’une agriculture pointée du doigt

Souvent déconsidérée, critiquée et montrée du doigt, la filière agricole se dit victime d’agribashing. On vous explique ce que cela signifie.

L’agri-quoi ?

L’actualité ne cesse de véhiculer les différentes attaques faites à l’encontre des agriculteurs. Critiques et dénigrement dans l’espace public, enquêtes et reportages qui se multiplient… les agriculteurs se sentent pointés du doigts. Voici ce qu’on appelle l’agribashing.

Pour ceux qui découvrent le concept, le mot anglais « bashing » est employé par les personnes qui se disent être victimes d’un dénigrement systématique et (souvent) médiatique. Le terme agribashing désigne ce comportement appliqué à la filière agricole.

Les français aiment les agriculteurs mais détestent l’agriculture

A l’origine, il s’agit d’une intensification et d’une plus forte visibilité de la contestation du mode de production agricole actuel. Paradoxalement, selon l’Ifop, les Français ont une bonne image des agriculteurs, leur font majoritairement confiance et ont beaucoup de respect pour ce métier et les difficultés économiques qu’ils rencontrent. Ce que l’opinion publique critique, c’est le mode de production agricole conventionnel. C’est à dire l’utilisation de produits phytosanitaires, l’élevage intensif, les grandes exploitations, l’agriculture intensive tournée vers l’exportation, etc.

Coupables ou victimes ?

Mais en réalité, les agriculteurs sont souvent des « victimes collatérales » et subissent les agissements d’autres secteurs d’activité. On pense alors à l’industrie agrochimique ou à l’industrie alimentaire. Pourtant, ce sont bien les agriculteurs que le grand public considère comme responsables de ce qui se trouve dans nos assiettes.

Le principe de l’utilisation des produits phytosanitaires ou de l’élevage intensif sont ainsi décriés et pointés du doigt. Les consommateurs ne veulent plus seulement une réduction des produits phytosanitaires, mais bien une interdiction totale de ces derniers.

Et ce qui contribue au développement de l’agribashing, c’est la multiplication des relais et des porte-voix. Auparavant cette critique était véhiculée par des associations et journalistes militants qui s’adressaient à un public de convaincus. Aujourd’hui, le message est porté par des émissions télévisées, diffusées sur des grandes chaînes en prime time. Des sujets traités en boucle, de manière anxiogène, non sans effet sur le public.

Manon Paulic, journaliste chez le 1 hebdo, souligne l’ensemble des requêtes sur lesquelles les agriculteurs sont sollicités.

  • Produire une alimentation durable et saine
  • Sans pesticides
  • Respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs
  • Produire suffisamment pour nourrir une population croissante
  • Produire pour une population qui ne cesse de s’urbaniser mais en essayant de s’octroyer un revenu décent.
  • S’adapter aux changements climatiques.
  • Le tout, en subissant l’agribashing.

Le journaliste et réalisateur Edouard Bergeon fait remarquer « qu’aujourd’hui les agriculteurs ne font qu’appliquer ce que l’Etat leur a demandé dans les années 1950. C’est à dire produire en agrandissant leur élevage, et en mécanisant à l’aide de la chimie. Aujourd’hui ils sont les pestiférés d’un système qu’ils n’ont fait qu’appliquer ». Tout est dit.

Agribashing, quelles solutions pour riposter ?

Face à l’agribashing, il convient pour les agriculteurs de répondre de manière adroite. Tout d’abord, il est important d’identifier les acteurs et le cheminement de ces mouvements protestataires. Il est aussi indispensable de comprendre les craintes, les défiances et les attentes des citoyens-consommateurs.

Ensuite, la filière agricole doit reprendre la main sur sa communication. Aujourd’hui, les agriculteurs se font entendre principalement lors de leurs ripostes face à l’attaque des médias. C’est pourquoi les agriculteurs se doivent d’être présents dans l’espace public et faire des consommateurs leur cible privilégiée.

Cette communication doit se baser sur les questionnements du grand public. Les agriculteurs doivent y répondre en priorité, tout en étant transparents. Attention cependant à ne pas créer une bataille entre « agriculture conventionnelle » et « agriculture bio » que les médias ont tendance à alimenter.
Enfin, contre l’agribashing, la filière doit faire en sorte de communiquer d’une seule et même voix. En effet, la multiplication des acteurs de communication engendre une dissonance des discours. Un discours qui ne devrait pas s’adresser aux professionnels mais bien aux consommateurs finaux, à travers une communication positive ! Il est nécessaire que le message soit le plus crédible et transparent possible, avec une prise de parole des agriculteurs eux-même.

Et après les paroles, viennent les actes. Les consommateurs aujourd’hui sont prêts à entendre et comprendre les efforts fournis par les agriculteurs pour une production respectueuse de la nature et des hommes.

Justine Nerini
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