On vous parlait déjà d’elle en annonçant la programmation de la 4ème édition du Lyon Street Food Festival, l’artiste Lor-K était de passage à Lyon. L’occasion pour nous de la rencontrer et d’en savoir un petit peu plus sur EAT ME, un projet artistique tout moelleux.

Du matelas abandonné à la pizza qui dépote

C’est entre la réalisation d’une tarte au citron et de brochettes géantes lors d’ateliers au Lyon Street Food Festival qu’on est allé discuter avec Lor-K. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Lor-K est une artiste qui réalise des sculptures dans la rue. Oui mais, pas avec n’importe quel matériau. Sa spécialité ? Les encombrants. Alors que certains cherchent à se débarrasser de leur frigo, machine à laver ou matelas, Lor-K elle, y voit une véritable ressource pour son travail. Depuis 10 ans maintenant, l’artiste est devenue une véritable wastebuster en axant l’ensemble de ses projets sur cette thématique.

A travers son art urbain et en fonction de ce que lui offre la rue, Lor-K travaille sur différentes séries et notamment EAT ME. C’est en croisant tous les jours des dizaines de matelas dans les rues de Paris que lui est venue l’idée de cette série. Devenue une véritable obsession, elle commence d’abord à se demander pourquoi cet objet du quotidien se retrouve aussi souvent au coin de la rue. C’est vrai que, contrairement à une chaise, une table ou un bureau, le matelas est rarement récupéré et représente quelque chose de plutôt intime. La question de l’hygiène rentre aussi en jeu, parce que dormir dans un matelas ramassé par terre, c’est pas franchement l’idée qu’on se fait de son « nid douillet ». Mais alors comment changer le regard des gens sur ces matelas ?

Cuisiner ses déchets

Lor-K a commencé à penser à la cuisine : ce besoin primaire et universel permettait de toucher tout le monde. Toujours dans un souci de cohérence, c’est en s’inspirant de la street-food qu’elle réalise ses recettes urbaines. Pizza, panini, cupcakes… des plats que l’on retrouve facilement dans les capitales du monde. Un projet éco-responsable avec une dimension sociale donc. Sa volonté de faire « renaître les objets abandonnés » passe alors par un projet plus coloré et punchy. À travers ses sculptures, Lor-K critique la société de consommation dans laquelle nous vivons sans pour autant être moralisatrice (car « grande consommatrice d’emballages flashy et victime du marketing »). Et pour aller au bout de sa démarche, l’artiste partage ses secrets de « cuisine » dans un un livre de recettes totalement détourné, pour transmettre et rendre l’art plus accessible. En résumé, vous pouvez facilement « cuisiner vos déchets ».

Déchets qu’elle préfère d’ailleurs qualifier de « ressources » que l’on devrait revaloriser : « A Paris, tout est ramassé par des camions, ce qui ne laisse pas aux objets la chance d’être récupérés et revalorisés. Il devrait y avoir des lieux en libre service, comme les boîtes à livres, pour déposer et récupérer des encombrants. Que cela devienne un cycle de consommation parallèle, où chaque objet serait défait de toute valeur pécuniaire ».

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La recette du succès ?

Mais alors concrètement, c’est quoi sa recette ? Rien de bien compliqué en réalité. Une recette économique puisque pas besoin de sortir 300€ avec un matelas flambant neuf, ici on veut du vieux, du vécu, du usé. On retire la housse (quand même traitée pour éviter les nuisibles) et les préjugés. On s’arme de ses meilleurs outils et d’un soupçon de créativité et c’est parti ! Une fois la matière première dénichée, Lor-K cuisine sa recette et l’abandonne (snif) là où elle l’a trouvée. Autant vous dire que moins de 24h après, il ne reste plus une miette de ses gâteaux et autres sandwichs.

« Mon travail est très dépendant de là où je suis, car ça devient mon terrain d’investigation. Il s’adapte à ce que je trouve autour de moi, de là où j’habite. Chaque ville, pays et balade m’apporte des matières premières différentes. Mes œuvres sont faites à partir de déchets et valorisées à partir du moment où quelqu’un la ramasse ou la regarde. Ce qui est ultra paradoxal, c’est que soit elles sont ramassées ou exposées, soit elles sont envoyées à la déchèterie, ça montre la bipolarité de la société. »

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En résumé un projet à la fois éco-responsable, qui reflète les dérives de la société de consommation. Et pour l’anecdote, en lançant EAT ME, Lor-K souhaitait débuter avec un hamburger et un hot-dog, symboles de la street-food. Mais les difficultés techniques pour réaliser des arrondis dans des matelas ainsi que les contraintes de temps et luminosité (réalisation en 10h max) ne lui ont pas permis d’arriver à ses fins… (Et si vous vous le demandiez, Lor-K, ça vient de Carole !)


Toutes ses recettes disponibles dans son livre, en vente juste ici : https://lor-k.com/SHOP/fr/accueil/13-livre-de-recettes.html


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